La Ca' d'Oro retrouve tout son éclat

Restauration d’un site vénitien emblématique

La récente restauration de la Ca' d'Oro effectuée par Giulia Passante, du bureau technique de la direction régionale des musées de Venise, et son équipe, a permis de mettre à jour des couches d'histoire dans le site. Giulia attire l’attention sur le fait que la façade, autrefois polychrome, comportait en réalité des marbres rouges et blancs et même des touches de bleu lapis-lazuli, ce qui témoigne de la volonté du propriétaire d’en souligner l’éclat. En outre, la découverte de documents historiques a permis de mieux comprendre les intentions premières du palais.

Pour Giulia, ce projet qui devait être une simple routine s’est transformé en une entreprise ambitieuse visant à préserver et mettre en valeur sa splendeur architecturale. Le recours à des technologies modernes, notamment l’éclairage innovant des façades conçu par le Studio Pasetti, a permis de redonner vie à ce trésor historique. « Au début, il ne devait s’agir que d’une restauration ordinaire, confie Giulia. Mais au fur et à mesure de l’avancement du projet, il est apparu que nous avions besoin d’un concepteur lumière pour élaborer l’éclairage de la façade. C’est là que le Studio Pasetti est intervenu. Sans eux, la façade n’aurait pas été lisible et ne serait pas du tout ce qu’elle est aujourd’hui ! »

Rompre avec la tradition

Trouver le juste équilibre entre préservation et innovation n’a pas été chose aisée à Venise. Alberto Pasetti Bombardella, le concepteur lumière visionnaire à l’origine de la rénovation de l’éclairage de la Ca' d'Oro, a entrepris une collaboration unique avec la Venetian Heritage Foundation (fondation du patrimoine vénitien), marquant ainsi leur premier projet commun. Alberto déclare « Venise est une ville tellement imprégnée d’histoire que, dans un travail comme le mien, il faut être en mesure non seulement de saisir les richesses historiques, mais il faut aussi s’attaquer aux contraintes administratives et dénouer les mécanismes bureaucratiques de la ville, ce qui n’est pas chose aisée. » Leur objectif commun était de raviver la Ca' d'Oro d’une manière qui transcende les solutions classiques. « La raison pour laquelle j’ai été contacté et consulté est qu’ils ont pris conscience du fait qu’un édifice tel que la Ca' d'Oro, doté d’une façade telle que celle de la Ca' d'Oro, ne pouvait pas se contenter d’une solution classique, consistant à penser simplement en termes de lumière, de projecteurs, de lumière diffuse. », explique Alberto.

Venise est réputée pour son approche traditionnelle en matière d’éclairage des bâtiments. Celle-ci consiste à faire jaillir la lumière de l’intérieur pour présenter la splendeur de leurs espaces intérieurs. Alberto a relevé le défi de réinventer ce paradigme. « Vous voyez, le style utilisé pour tous les bâtiments du Canal Grande consiste à ne les éclairer que de l’intérieur pour que le spectateur puisse découvrir leurs superbes pièces, souligne-t-il. Ainsi, si vous traversez le canal à la nuit tombée, vous pouvez voir que les salons sont éclairés, vous pouvez voir les fresques, vous pouvez voir les magnifiques et splendides intérieurs. » Mais il fallait que le projet Ca' d'Oro soit différent, qu’il repousse les limites de ce que l’on pensait possible pour une façade vénitienne. Comme le rappelle Alberto, « au début, il y avait un certain niveau d’incertitude quant à ce qui pouvait être réellement fait. »

Simuler l’interaction de la lumière et de l’eau

Alberto a adopté une approche originale consistant à explorer en profondeur les possibilités offertes par le bâtiment. Son équipe a effectué des premiers tests sur la façade de la Ca' d'Oro en utilisant différents échantillons d’éclairage, y compris des lampes de poche, pour voir ce qui était faisable : « nous avons effectué de nombreux tests pour trouver la température de couleur et la qualité spectrale correctes afin d’obtenir le meilleur rendu possible au niveau des pierres constituant la surface », ajoute-t-il. En ce qui concerne les reflets de la lumière sur l’eau : « nous savions que nous ne voulions absolument pas de lumières sous l’eau, car les effets sous l’eau n’auraient pas été réels. Il fallait que ce soit un reflet, comme on en voit lorsque l’on se déplace en bateau à Venise. La lumière est, dans un premier temps, en mouvement et plus dynamique, mais lentement, lorsque le soleil se couche, elle devient très calme, presque statique lorsque la circulation des bateaux ralentit. » Ces tests ont ouvert de nouvelles voies à la lecture du bâtiment, créant une vision, une faim, pour ce qui n’avait pas encore été conçu et escompté lors de la toute première approche, puis surmonté lors de l’élaboration du projet.

L’équipe chargée de la conception a créé un modèle de la Ca' d'Oro en 3D, très détaillé, et d’une précision inégalée. Ce rendu numérique était tellement convaincant que les personnes qui l’ont vu ont pensé qu’il s’agissait d’une photographie. Le projet d’Alberto prévoyait deux scénarios d’éclairage distincts : l’un faisant honneur au style vénitien traditionnel, où la lumière émanait de l’intérieur du bâtiment pour éclairer les croisillons complexes, et l’autre rappelant l’opulence de la « Maison dorée » et faisant briller toute la façade d’un éclat doré. La réverbération du soleil dans les eaux de Venise a également inspiré son projet, qui intègre le jeu subtil de la lumière et de l’eau dans les scénarios. Ce projet a nécessité de nombreux essais, notamment la simulation des reflets sur la façade de la Ca' d'Oro dans diverses configurations d’éclairage, dans le but d’obtenir l’effet vénitien le plus naturel possible. « L’eau joue un rôle important dans l’éclairage et l’architecture de Venise », explique Alberto. Elle me fascine également et m’incite à toujours mieux comprendre ce que signifie la relation entre la lumière et l’architecture. »

Contourner les contraintes physiques de Venise

Donner vie à cette vision n’a pas été sans difficultés, et il a fallu trouver des solutions innovantes. Le recours à des grues n’étant pas possible dans Venise, l’équipe a dû faire appel à des ouvriers de la construction spécialistes des travaux acrobatiques, dotés de compétences proches de l’alpinisme pour installer le matériel d’éclairage avec habileté et précision. C’est également à dessein qu’Alberto a choisi le système de contrôle wireless de Casambi. « Je savais dès le début que je voulais Casambi », explique-t-il. Et pas uniquement en raison de son système wireless ! Un tel système est bien sûr très utile du point de vue financier et de l’installation, lorsqu’il s’agit de bâtiments historiques. Mais si j’ai choisi Casambi, c’est parce que je trouvais que c’était le meilleur compromis entre ma liberté de choisir et de créer des scénarios d’éclairage et la flexibilité et la clarté d’un logiciel conçu pour fournir pas à pas l’assistance nécessaire. »

Un logiciel pour chorégraphier l’éclairage

Plus de 90 appareils d’éclairage LED fournis par ERCO, chacun doté de filtres sur mesure, ont été méticuleusement orchestrés pour reproduire les teintes insaisissables de l’or. L’application Casambi a permis de chorégraphier 51 scénarios d’éclairage statiques pour former quatre séquences d’animation hypnotiques, la plus longue comportant pas moins de 86 étapes, et aboutissant à une illumination à couper le souffle d’une durée de 300 secondes.

ERCO a stratégiquement mis en œuvre ses projecteurs d’extérieur Beamer et Kona pour obtenir la précision et la flexibilité voulues. Ces produits correspondent à la vision créative du concepteur lumière et s’intègrent de manière à respecter et à mettre en valeur l’esthétique historique du site. Pour résumer, le directeur général de ERCO Italie, Andrea Nava, déclare : « Le projet de la Ca' d'Oro illustre l’engagement de ERCO en faveur de l’excellence de l’éclairage : la lumière raconte l’histoire, en respectant le passé tout en embrassant l’avenir, le tout grâce à notre partenariat synergique avec Casambi et à la créativité d’Alberto Pasetti Bombardella. »

Le recours au contrôle wireless a permis à Giulia et Alberto de trouver le bon équilibre permettant de préserver le bâtiment historique tout en lui apportant quelque chose d’entièrement nouveau et d’innovant.

« Dans une ville comme Venise, les autorités chargées de superviser de tels projets, à savoir la surintendance, ont pour mission de préserver le patrimoine culturel, explique Giulia. Notre proposition de rééclairer la façade d’une manière originale s’est heurtée à quelques difficultés, parmi lesquelles une certaine perplexité à l’égard des scénarios d’éclairage. Les autorités estimaient que la façade devait rester telle qu’elle était depuis des siècles, à savoir éclairée uniquement de l’intérieur, ce qui correspond au « style vénitien ». Je dirais que ce n’est qu’en montrant le potentiel combiné , et le fait qu’il nous permettait de régler les niveaux d’intensité lumineuse au minimum, que nous les avons, je pense, convaincus. Et le résultat est tout simplement spectaculaire. »

Lors de la mise en service de l’éclairage de la façade, Alberto a exprimé ses grands espoirs quant à l’accueil qui lui serait réservé, notamment par les Vénitiens. Il pense que cette nouvelle lumière sera une « renaissance » pour la ville, qui apportera à l’un de ses monuments les plus emblématiques un nouveau dynamisme et une nouvelle reconnaissance.